Gouaches d'Octon et d'ailleurs - Exposition de plAcid au Village des Arts et Métiers - Octon 34800 du 15 octobre au 13 novembre.

Vertige garanti pour celui qui voudrait suivre à rebours le parcours de Placid au cours de près de quatre décennies de production artistique ou se familiariser avec les stupéfiantes métamorphoses de son style. Le blog qu’il alimente régulièrement -https://toutplacid.tumblr. com/ - en est d’autant plus l’illustration que les informations sur la variété de ses collaborations, expositions et publications, etc. de son parcours professionnel restent sibyllines. Et le vertige s’accroit quand l’on prend conscience de ses méthodes de travail qui consistent à privilégier le carnet dans une succession de cycles et défis : 128 à ce jour, chacun réalisé avec une technique et sur un format différents, chacun avec son angle d’attaque stylistique.
Pour reprendre pied, il sera utile de tracer dans la prolifération d’images une oblique jusqu’à 2006 et 2007 - deux livres-pavés pu- bliés d’une année sur l’autre par les Editions L’asso-ciation - singulièrement deux Quo vadis remplis jour après jour d’observations faites par Placid sur son environnement, l’un à la mine de graphite et l’autre second au stylo bille 4 couleurs, qui constituent au-delà de la question artistique, des mines d’informations sociologiques. Depuis ces deux publications, Placid n’aura cessé d’approfondir son travail « sur le motif » en diversifiant les techniques et les approches constructivistes d’un langage artistique, vigoureux et accessible à tout public, au service d’un témoignage sur la couleur du temps. En suivant cette oblique le vertige prend un sens plus précis. Elle nous aide à saisir la valeur instructive de l’entreprise d’observation menée par Placid, surtout quand on la confronte aux univers photographiques et vidéo qui ont colonisé notre imaginaire collectif en nous désapprenant à regarder.
Un des immenses mérites de Placid est de nous entraîner à affuter un double sens de l’observation en appréciant l’intérêt supérieur du dessin sur la peinture tant du point de vue de son accès populaire que de ses capacités de mobilité et de métamorphose, relevées par un style rare, exigeant et subtil.
Daniel Mallerin